par el-Lapsa » 01 Fév 2022 23:46
( je vous préviens, ça va être long, et potentiellement chiant, vous pouvez choisir de pas lire, voir de me dire que c'est long, et chiant)
Pour ma part, voici mon parcours:
Beaucoup de lectures sur les couteaux, leur usage et leur fabrication depuis mes 10-12 ans. Depuis que j'ai eu mon premier opinel carbone n°6 à 8 ans, j'ai jamais arrêté de les utiliser pour faire mes cabanes, mes lance-pierres, mes arcs etc.. vu que je passais le plus clair de mon temps dans la nature. (Pour l'instant ça n'a aucun rapport, on est d'accord)
Peu à peu mes couteaux ont changés mais j'ai continué à bricoler dans la nature jusqu'à apprendre qu'en fait, ça s'appelait du bushcraft.
Vers mes 15-16 ans j'ai commencé à dessiner les couteaux que je voulais, et à les faire réaliser par des artisans, ce jusqu'à mes 21 ans, ou un truc du genre. Au bout d'un moment j'y trouvais plus trop mon compte, j'ai tout vendu, gardé un Enzo Trapper en O1, un opinel et un suisse, et je me suis démerdé avec ça pendant 5 ans, en continuant à aller dans les bois, quelques aventures de ci de là etc.
Jusque là, je connais les grandes étapes de fabrication d'un couteau, mais pas plus. Mais ça m'a amener à de plus en plus définir mes besoins, mon cahier des charges quoi, avec pas mal de petits détails qui pour moi, devenaient vite essentiels à l'utilisation.
Il y a 6 ou 7 ans, je me suis mis en tête de commencer à les faire, dans mon coin avec mes propres moyens certes, mais après avoir poncé pas mal la biblio sur toutes les ressources que je trouvais en ligne. Coustil.fr pour les bases bien sûr, beaucoup de vieux fils sur des forums, posé mes questions à ceux qui pratiquent etc. Ça m'a permis de voir déjà qu'en effet, beaucoup de couteliers sont prolifiques en conseils. Pas tous cependant.
J'ai fait mon premier couteau de A à Z forgé dans une cage de roulement, dans une forge que j'avais construite. Il était pas parfait mais il a eu son quotas d'utilisations quotidiennes!
De là, je me suis rendu compte que le savoir théorique c'est une chose, mais qu'il fallait le digérer aussi, et que in fine, dans un atelier (fin plutôt dans la nature pour moi à ce moment vu la gueule de "l'atelier"), c'est bien beau les tths à 10°C près que j'avais noté, mais dans les faits c'est autre chose. Ce qui valide un résultat, c'est l'expérience... Et encore l'expérience. Donc je me suis mis à faire des lames, a les casser, voir comment ça cassait, observer le grain etc. Aujourd'hui encore je crois que j'ai produit plus de lames à casser que de couteaux finis.
Dans cette étape, j'ai eu des couteliers au bout du fil quand je rencontrais des difficultés, et ils ont tous été très ouverts, très sympas, vraiment prompts à partager sur ce domaine.
J'ai finit par croiser la route de Agone, un gars formidablement humain, qui est vite devenu un vrai ami, et m'a donné beaucoup d'astuces, m'a accueilli dans son atelier plusieurs fois, m'a fait découvrir beaucoup de techniques, forger un camp, le travail des émoutures et pas mal de petits trucs.. c'est un gars que je ne remercierai jamais assez, je pense. Les échanges oraux sont précieux, mais une rencontre à l'atelier, voir bosser quelqu'un puis bosser sous son oeil, c'est d'autant plus précieux.
Mon modeste retour d'expérience là dessus, c'est que j'ai eu la chance de vraiment utiliser des couteaux depuis longtemps et de savoir un peu ce que je voulais, ça fait une ligne directrice. J'ai pas cherché à multiplier les aciers, j'en travaille que deux vu que je veux pas m'éparpiller, et j'ai toujours eu recours aux tests et à l'utilisation réelle pour valider ou infirmer un résultat, vu que j'ai pas trop le choix surtout.
Donc si on veut, je suis "autodidacte", car je n'ai reçu aucune formation ou aucun stage officiel. Mais je n'aime pas ce terme, on est jamais vraiment autodidacte. J'ai reçu énormément d'aide de plusieurs couteliers, et en général je dirais que c'est une communauté assez bienveillante, y compris pour les petits jeunes qui souhaitent démarrer. Et clairement, c'est un point non négligeable de l'apprentissage, qui pour ma part, je l'espère, ne s'arrêtera jamais.