par Roland L » 11 Déc 2008 09:27
Ca fait un peu défaitiste, le ton de votre conversation, non ?
Plus le temps passe, et plus je suis convaincu que le potentiel de développement se trouve surtout en dehors des salons. Je vois beaucoup de difficultés chez ceux qui "suivent" le circuit habituel. Ceux là sont contraints de pratiquer des prix sans cohérence avec leur travail et pour faire face à la raréfaction des nouveaux clients, ils multiplient les salons et retrouvent là aussi, souvent les mêmes personnes.
Le souci, c'est que les salons et la presse sont particulièrement sensibles aux effets de mode (effets dont la durée que j'ai pu observer se limiterait à trois ans environs). On dit qu'il faut 10 ans pour bâtir une réputation, ce qui est l'élément essentiel de la prospérité d'un artisan. Trop de couteliers ne restent pas assez longtemps dans le métier pour passer le cap de la professionnalisation.
Comme le dit Gilles, cela commence par le choix des prix. Il faut fixer des tarifs tenant compte de tous les frais y compris la marge du détaillant. Sinon on vivote et les boutiques ferment. A la fin, personne n'y gagne.
Nous vivons dans un pays en phase de désindustrialisation. Le Japon par exemple a connu ça avant nous. Les travailleurs manuels, s'ils veulent continuer à exister, doivent élever leurs exigences pour ne pas subir la concurrence des pays ou le coût du travail est faible. Il faut aller vers une fabrication plus prestigieuse et des prix à la hauteur de cette exigence. L'artisanat japonais est devenu élitiste, mais il est puissant et reconnu dans le monde entier. Nous devrions réfléchir sur le fait que nous n'avons pas en France d'artisan capable de revendiquer un statut équivalant aux "trésors nationaux vivants". Comparez avec nos compagnons du tour de France !
Vous ne pensez pas que ça pourrait être une voie à explorer ? Pour ma part je suis sûr que ce ne sont pas les compétences qui manquent, plutôt la reconnaissance...