par aliaswonder » 04 Fév 2010 00:15
Petit retour sur expérience sur mes dernières expérimentations.
J'en avais marre du vernis un peu trop fragile aux rayures alors j'ai fait mumuse avec différentes finitions sur mes racines de bambou.
J'ai essayé d'un côté de l'huile de Tung pure (Lignea de chez Dick) et de l'autre une formule de "danish oil", "l'huile Nordique" de marque Avel acheté chez Laverdure à Paris.
J'ai fait mes essais sur des manches en racine de bambou, poncée et teintée avec des teintes pour bois à l'alcool.
D'abord l'huile de Tung. J'ai pu lire en plusieurs endroit que huile de Tung rimait avec bambou et qu'elle était employé notamment pour protéger les flutes Shakuhachi de l'humidité et les empêcher de se fendre. Il n'en fallait pas moins pour éveiller mon intérêt. L'autre avantage est que c'est un produit entièrement naturel, non toxique et écologique.
Sa consistence ressemble à du miel et la couleur aussi avec une odeur de noix pas désagréable et naturelle ce qui est normal puisqu'elle est extraite de noix d'abrasin. Au toucher c'est comme de l'huile un peu épaisse.
Pour la première couche je l''ai mélangé comme il est dit partout, avec de l'essence d'orange, environ moitié/moitié. J'applique au pinceau, laisse mariner une vingtaine de minutes puis je frotte avec un chiffon non pelucheux. Ça pénètre étonnamment bien.
Séchage une douzaine d'heures, le lendemain le bambou est tout mat et l'huile semble avoir disparu.
J'enchaîne avec les couches d'huile pure en appliquant le même procédé, d'abord largement au pinceau puis malaxage/massage avec les doigts pour bien faire pénétrer, 20 mn à laisser mariner puis essuyage avec un chiffon pour ne laisser qu'un film.
Je laisse sécher chaque couche 12h et le bambou semble littéralement "boire" l'huile. Je laisse le bambou brillant et huilé et je le retrouve le lendemain complètement mat.
J'ai fait ça une dizaine de jours jusqu'à l'apparition d'un petit lustre signe que le bambou est saturé. Maintenant je continue à frotter un peu le manche avec un chiffon imbibé d'huile tous les jours pour entretenir le lustre.
La finition obtenue est très naturelle et très discrète, la couleur du bambou est un peu réchauffée, le fibrage bien mis en valeur et le toucher est velouté. J'ai coupé un peu dans la pièce et pu voir qu'elle est complètement imprégnée en profondeur, c'est plus dense et la sciure n'est plus la même. J'ai aussi remarqué que cela se prête très bien aux retouches, il suffit de poncer, frotter un peu de la teinte à bois puis frotter avec un chiffon imbibé d'huile. C'est magique et complètement impossible avec un vernis.
Perso je trouve que l'huile de Tung c'est très bien sur une pièce dont on veut un aspect très naturel mais peu lustré, quasiment mat. Si on veut de la brillance c'est pas l'idéal parce qu'il faut cirer et qu'on se retrouve avec des produits de style térébenthine. Je pense que c'est un fini qui doit bien vieillir parce qu'il laisse respirer le bois tout en le protégeant et est d'un entretien très facile. L'inconvénient c'est que c'est long et il faut bien prévoir une quinzaine de jours pour traiter une pièce correctement.
L'huile Nordique c'est autre chose. D'abord ça pue le produit pétrolier, ça a la couleur et la consistence de la mélasse et c'est poisseux et ça colle aux doigts. En réalité ce n'est pas de l'huile mais une préparation à base d'huile polymérisée (tung ou lin, le fabricant n'est pas obligé de le dire) additionné d'un siccatif qui fait sécher plus vite, d'un diluant genre térébenthine et parfois même de vernis. Le concept c'est d'allier les propriétés d'une huile qui pénètre à l'intérieur du bois avec un vernis qui scelle la surface contre l'humidité et autres attaques.
J'ai procédé comme pour l'huile de Tung en diluant la 1ère couche avec de l'essence d'agrumes. J'applique à la brosse, laisse mariner 1/4h puis j'essuie avec un chiffon. Je laisse sécher 6h puis j'en remet une couche.
Au bout de 4-5 couche (2 jours) j'obtiens un résultat que j'aime bien mais très différent de l'huile de Tung. Le bambou est à la fois imprégné et comme enrobé d'une très fine couche dure et transparente, entre le vernis et l'encaustique, avec un joli lustre satiné et un toucher très soyeux. La couleur du bambou est très peu affectée, même un chouia éclaircie et le veinage bien mis en valeur. L'effet est un peu comparable à certaines peintures de carrosseries de voitures, il semble y avoir comme de la profondeur. C'est moins naturel que l'huile de tung pure, on dirait presque que le bambou est stabilisé mais je suis plutôt content du résultat. J'ai le lustre que je cherchais, une certaine protection et c'est assez rapide d'emploi. Les inconvénients sont que c'est plus difficile à retoucher( il faut frotter délicatement avec un peu d'huile d'agrumes) et que ce n'est pas agréable à travailler (poisseux, il faut mettre des gants).
Je pense que je continuerai à utiliser les deux finitions suivant l'effet recherché, lustré ou naturel. Je posterai des photos lorsque j'aurais fini les pièces.