Je n'ai pas vraiment tout lu, mais bon.
Il n'est pas question de faire des comparatifs entre un couteau d'artisan et un autre, et il n'en a jamais été question, mais tout de même, à la limite, on peut souligner quelques qualités et taire quelques carences. Quand un auteur écrit tout le bien qu'il pense d'un couteau, à priori, il fait référence aux qualités premières d'un couteau (coupe, durée de coupe, ergonomie, esthétique aussi …). Bien entendu, je ne comparerai pas un couteau de chasse d'Eric Plazen, avec l'Ame Liberté ou Ourobouros... On est cons (comme le pense Sébastien, dont le "lamentable" est en quelque sorte à l'origine de cet intéressant fil), mais quand même, pas à ce point !
Un couteau d'art, moi, personnellement, je ne sais pas ce que c'est, ou bien alors, à la limite, une expression de l'art populaire ou de l'art primitif (mais là c'est différent, ce sont les hommes qui on décidé que ce couteau-là pouvait aller dans un musée, pour témoigner d'un passé, d'une tradition, ce n'est pas le "fabricant" qui l'a pensé en tant que tel, nuance de taille). A partir du moment où il est pensé comme une oeuvre d'art, pour moi, il n'est plus un couteau, mais devient une oeuvre, une sculpture, un testament materialisé, un accouchement dans la douleur, une thérapie, la matérialisation d'un rêve, une colère, un caca aussi … Je l'aime où je ne l'aime pas, je la comprends ou pas, mais ce n'est plus un couteau. A ce moment là, je n'ai pas à en parler comme d'un couteau, et ses qualités intrinsèques de couteau n'ont plus lieu d'être, puisqu'il ne servira pas et n'est pas pensé pour ça. J'en parle comme d'une oeuvre d'art, comme je l'ai fait de "Elle", et d'autres oeuvres. Comme Anglade parle des couteliers russes, qui ne sont pas à mes yeux, des couteliers.
Tout est question de démarche, on ne peut pas dire que celle d'un Bruyère, soit la même que celle d'un Parmentier, qui n'est pas la même que celle d'un Duffort, etc … C'est précisément ce qui fait l'intérêt de ce monde du couteau custom, particulièrement en France, où l'inventivité, la malice, l'égocentrisme (et disons-le l'égotisme) en font une fourmilière passionnante. Je ne vois pas l'équivalent ailleurs, en Suède (voir article dans le N°92), en Allemagne, même aux USA, je trouve une certaine similitude chez les couteliers (écoles, chapelles, parfois rigueur, panurgisme, bref, "l'ennui naquit un jour, de l'uniformité").
Bien entendu, celui qui aime le style nordique, va se régaler en Suède, celui qui aime les lignes strictes des couteaux allemands, épris de rigueur et de minimalisme, va ériger 24h sur 24, en Allemagne. Mais en France, il y en a vraiment pour tous les goûts !
Je vous laisse, je pars m'aérer en montagne pour 3 jours, je refais un tour c'taprèm et ensuite je vais planer à 2000.
