J'ai travaillé sur des backstands Jolivet pros (ceux qui équipent quasiment tout Thiers, aussi bien en deux qu'en trois points), libre à toi d'insulter la qualité de son travail, et aussi sur le petit Bader mal fixé dont je parlais, et qui broutait quand on utilisait le plateau. Je n'ai jamais eu à me plaindre des Jolivet. Autant j'ai travaillé sur backstand, autant, vu la manière dont tu en parles, il me semble peu probable que tu ais travaillé sur feutre ou polissoire, cher Oufti. Je me trompe?
Et attention, je ne parle pas de "touret à meuler", comme ceux qu'on trouve dans tout atelier de mécanique qui se respecte, mais bien des tourets de coutellerie, comme celui-ci:

C'est peut-être aussi pour cela qu'il y avait confusion. Sur ces tourets de coutellerie on met des frottes de 40cm, des polissoires, des feutres, des sisals, tout ce qu'on veut. On peut quasiment tout faire avec, sauf les émoutures, et c'est la seule chose pour laquelle le backstand est indispensable. Pour les surfaces creuses de petit diamètre à travailler de travers, avec un backstand on met une petite roue de contact, mais avec un touret on taille en rond la surface du feutre ou de la polissoire. Et le changement d'outil sur touret est aussi rapide, pour celui qui y est habitué (et qui ne sert pas comme un sourd), qu'un changement de bande sur backstand. Pour les curieux, il suffit de jeter un oeil aux catalogues de Soucille et de Mecapolior pour voir un peu tout ce qui se fait pour touret. Hélas, on ne les trouve pas en ligne.
Le backstand n'est en rien une évolution, c'est un outil issu d'une autre tradition, en l'occurence de la coutellerie custom américaine. Il a trouvé sa place dans les entreprises thiernoises quand il s'agit de "blanchir" des ressorts ou des lames (où il remplace la meule), ou de travailler le bois (où il remplace la lime ou le feutre au gros, moins abrasif), mais si dans beaucoup d'endroits il n'a pas supplanté le touret, alors même que les exigences de productivité sont bien plus présentes que dans la coutellerie d'art ou pratiquée en hobby, je doute qu'on puisse dire que c'est par pur archaïsme obscurantiste. Ou alors les Beillonet, les Gravelines, les Veysseyre sont des braquignoles rétrogrades qui ne connaissent rien à la coutellerie et qui sont dans le folklore moyen-ageux arriéré et inefficace.
Et je te promets qu'il n'y a pas le moindre problème à mettre de la pâte sur du Scotch Brite, tu n'as qu'à demander à Nicolas Couderc, étant passé par le Musée, c'est comme ça qu'il a du apprendre, et qu'il doit certainement continuer à faire (vu le matte de ses lames à Coutellia). Mais il doit s'en servir en roue je suppose, et pas en bande, sinon c'est vrai que 2m de longueur, voire 4m, à bourrer de pâte, c'est qu'il faudrait y passer des pains!