Au vu de mon petit vécu dans le monde du couteau, voila ce que je ferais si j'étais coutelier artisan (certains le font déjà + ou -) :
En France, la notion du "custom collab" n'est pas de mise (sauf à de rares exceptions), car le marché n'est pas le même qu'aux US, et les Industriels n'existent pas (au sens où on l'entend, à part Opinel, qui est organisé quasi industriellement), nous l'avons déjà évoqué, on parle plus de manufactures . Bref, difficile pour un coutelier, qui vend 200 couteaux par an, qui n'a pas une renommée comme celle d'un Loveless, d'aller voir un petit fabricant, avec un modèle, en lui proposant" on va faire un tabac, avec le PH-Dozorme ou le FT-Coursolle", rien de méchant dans ce que j'essaye d'expliquer, mais disons que le marché serait de 500 pièces à tout casser (et encore …). Je suis convaincu, par contre, qu'un artisan qui commence à avoir un peu de renom, même dans l'hexagone, plutôt que se faire ch... à essayer de sortir des couteaux économiques entièrement faits à la main (où il risque de ne pas gagner grand chose au bout du compte), a tout intérêt à dessiner le modèle, faire le proto … Et aller voir un découpeur à façon, qui lui fera pour un minimum de fric, 50, 100, 200 lames + ressort + platines (ou seulement la lame pour un deux clous), et qui peut même fournir l'acier. Avant, ce n'était pas possible, avec la méthode de l'estampage, il fallait acheter fort cher les matrices et l'amortissement nécessitait plusieurs mois ou années. Avec la découpe laser, on peut faire des petites séries, la précision est parfaite, et l'artisan donne sa touche finale en montant les plaquettes, en ajoutant un guillochage, etc … Et je précise, découpe laser n'est pas un gros mot !

Cela n'enlève absolument rien à la qualité finale, c'est du semi custom ou du semi indus, cela permet à toutes les bourses de s'offrir un couteau signé. Car l'artisan doit le signer, c'est ce qui l'engage au niveau de la qualité (en expliquant que c'est découpé, il n'y a pas de mal, le mal étant plutôt de le cacher, comme le font certains …). Un coutelier comme Robert Beillonnet pratique de la sorte, et il signe RB ses couteaux semi- artisanaux (aux alentours de 100 euros, ce qu'il ne pourrait pas proposer en custom), tout le monde est content et le client achète quand même un Beillonnet. D'ailleurs, reprocheriez-vous à un 1515, à un Perceval, à un William Henry ou à un Sebenza, d'être découpés ? Non, je suppose, puisque c'est le cas, et pourtant, le prix de certains de leurs modèles customisés, dépassent ceux de couteaux entièrement réalisés à la main par PH et FT, et de bien d'autres … J'utilise indiféremment un D6 de Descy, et son grand frère custom, un Shark indus et une griffe custom, et je pourrais citer d'autres exemples. Voilà, c'est une idée comme ça, en l'air, mais ce que je sais, pour avoir fait quelques couteaux, et en avoir vendu à des armureries : quand on me commandait 10 couteaux ou 10 étuis identiques, je déclinais, parce que c'était à l'opposé de la raison qui me poussait à faire un couteau ou un étui... Je suppose que pour PH et FT, c'est pareil. D'ailleurs, même quand je repeins mes volets, je m'appluique sur le premier, et ensuite, le niveau de qualité diminue, parce que ça me gonfle ! (voir plus haut, tout cela a un lien avec l'ego !)
