Tu as raison casse cailloux, il faut savoir casser une lame de temps en temps, c'est rarement agréable quand on y a passé du temps et qu'on ne fait pas des couteaux tous les jours, mais c'est comme ça qu'on comprend et qu'on avance.
Au moins, tu verras le grain. Beaucoup de couteaux, jolis en apparence et sans défaut à l'oeil, ont un grain énorme (souvent à cause de l'absence de normalisations, ou une T° de trempe aléatoire). Demande à Eric et à d'autres, combien ils en ont cassés avant d'oser en vendre un.
Par contre, concernant le défaut de trempe, le fait de le casser ne t'apprendra rien, je pense. Tu l'as trempé comment ?

Patrick me demandait pourquoi j'étais un obsédé du perchlo et à quoi cela servait : et bien, notamment à ça - En révélant des lames au perchlo, j'ai trouvé (y compris chez des couteliers confirmés) des défauts de trempe rédhibitoires, du genre ligne qui vient flirter avec le fil, ou qui sort du fil et réapparaît quelques millimètres plus loin. Une fois poncée et polie, on ne voit plus rien.
Une fois, j'ai ressorti la lame d'un couteau acheté (pas cher, cela dit) à un hobbyste (il y a longtemps), toute grisouille, comme l'est un acier non trempé. J'ai contacté le coutelier pour lui demander comment il l'avait trempé. C'était avant les forums, avant même internet, il y a environ 20 ans et il m'a répondu, béatement : "tremper ? C'est quoi ? J'ai pris un bout de ferraille à l'atelier, je l'ai forgé, poncé et c'est tout".
Le couteau était sympa, mais c'était de la ferraille. Le coutelier en herbe était arpette en cours de CAP de ferronnerie, il maîtrisait la forge, se débrouillait même assez bien, il dessinait des couteaux, mais dans le cadre de son CAP, on lui apprenait à travailler le fer, pas l'acier. Depuis, il a appris et il a beaucoup progressé. Et il fait de très chouettes couteaux.
