Il y a une trentaine d'années, quand j'ai acheté ma maison, je faisais mon vin, j'ai arrêté au bout de cinq ans, car c'est un boulot ingrat pour un amateur : si on loupe un traitement après une petite pluie, on perd la récolte. Et si on se loupe sur le souffrage d'une barrique, on perd son vin. Mais quand tout se passait bien, il n'était pas mauvais.
Mais je réservais toujours un peu de blanc pour l'élaboration aléatoire d'une espèce de mousseux à la manière d'un Lambrusco, de ceux qui te filent mal au cigare, en cuve close, bien chargés en gaz carbonique. J'attachais le bouchon avec du fil de fer fin et je posais les bouteilles à plat dans la cave. Purée, le feu d'artifices, certaines années ! Sur 50 bouteilles, plus de la moitié explosait et quand je descendais dans la cave, je passais très vite devant, on aurait dit un Cattling... Pan pan pan !!! Pas besoin de sabre, ça partait tout seul ! C'était fun et le résultat était surprenant, sur les quelques rares bouteilles qui n'avaient pas repeint la cave : une espèce de mousseux doux, pas mauvais, mais il fallait un peu touiller le verre, afin d'éliminer le trop plein de gaz carbonique.
Au moins, quand je discute avec un viticulteur, il comprend que j'en sais un peu, un tout petit peu sur le sujet, mais je n'insiste pas et n'étale pas ma minuscule science en ce domaine pointu. C'est un métier difficile et de plus en plus complexe et cette modeste expérience m'a aidé a comprendre ce métier et ses nombreux aléas.
