par Madnumforce » 02 Jan 2012 17:37
Les coutelleries en difficultés chez nous le sont en grande partie à cause de la concurrence des produits fabriqués dans les pays où CS sous-traite l'immense majorité de sa production. Par contre, les entreprises qui pratiquent ces importations ont bien moins de difficultés. CS s'est donc placé dans la catégorie qui gagne sur le plan commercial, mais dont les préoccupations sociales sont, pour ainsi dire, inexistantes. Et soit dit en passant, les collectionneurs ne sont pas pour rien dans la situation de la coutellerie française. La hype, dans l'industriel, est quasiment toujours pour des fabricants étrangers, principalement américains et japonais. Pour avoir un Delica 4, et avoir tripoté longuement et étudié sous toutes leurs coutures un Laguiole 10cm à pompe et un Sperone de chez Fontenille-Pataud, la supériorité technique et qualitative est très très clairement du coté français. Et vu la quantité de travail manuel impliqué, le rapport de prix est aussi, à mon sens, en faveur du Fontenille-Pataud. Mais qui s'en occupe? C'est pas hype un couteau d'aspect tradi. Et puis, de base, c'est "que" du 12C27, autant dire de l'acier à ferrer les ânes pour certains amateurs de couteaux. Mais il est vrai que Fontenille-Pataud est, avec Cognet et Perceval, une des fabriques françaises les plus exemplaires.
La coutellerie française, hormis les trois cités, Dozorme, et Tarrerias-Bonjean (qui a lancé l'Evercut), peine à s'adapter au niveau des produits et du marketing, c'est vrai. Mais contrairement aux grandes marques américaines qui, à peu de choses près, ont vendu leur âme (il est passé où le "proudly made in the U.S.A." d'antan?), la coutellerie française a une identité, et elle veut la garder. L'importance du travail manuel ou tout au moins ouvrier dans la production me semble être un point non-négociable, et l'automatisation doit rester limitée. La perte du savoir-faire manuel serait la mort de la tradition française (qui est une des dernières survivantes de toutes les traditions coutelières européennes), et la conformation aux standards mondiaux, lire américains. Il n'y aurait pas pire qu'un Lynn Thompson pour la coutellerie française, déjà que sur Thiers on se plaint des importateurs. Cela dit, la figure un peu grotesque de LT, mais sa grande efficacité marketing et commercial devrait secouer les patrons thiernois de leur torpeur, et les rendre plus combatifs et entreprenants dans le domaine du couteau de poche (je crois observer une évolution plutôt positive du côté des couteaux de cuisine et de table, où petit à petit, le français reprend une place). Merde, quoi, on a de la ressource encore, on a pas dit notre dernier mot!
Bon, fin de HS.